Nos anciens combattants

Ralph Ellis

1923-2017

Né le 20 mai 1923 d’Albert et Jean Ellis de Montréal, Ralph s’engagea à 18 ans. Dix jours après son arrivée à la caserne Jacques-Cartier de Montréal, il fut envoyé à Huntingdon, QC, pour son entraînement de base et par la suite à Petawawa pour son entraînement avancé. Il reçut l’ordre de se rendre à Halifax (N.-É.) pour ensuite monter à bord du HMCS Duchess of York à destination de l’Europe. La longue traversée s’avéra assez sécuritaire puisque le convoi bien protégé comprenait plus de 100 navires.

Ralph Ellis était sapeur dans le Corps du génie royal canadien; son travail comprenait la construction et l’entretien des routes ainsi que la reconnaissance et la construction des ponts Bailey. Les sapeurs précédaient également l’infanterie et les chars d’assaut afin d’enlever les mines et dégager les routes.

Peu après son arrivée en Angleterre, il monta à bord du HMS John Erickson vers Naples en Italie. Ce voyage ne fut pas facile. Après avoir traversé Gibraltar, les avions allemands attaquèrent et coulèrent trois navires dont un navire hospitalier. La division du Corps du génie royal canadien campa dans un champ entre Naples et Caserta en attendant d’être envoyée construire des ponts Bailey à 3 endroits : l’un sur la rivière Sangro à Atessa, dans les montagnes, l’autre sur les rivières Arraella et Rapido et enfin un autre sur la Ligne Hitler. « Cette ligne traversait l’Italie depuis Terracina, sur la côte Tyrrhénienne, jusqu’à Pontecorvo, Aquino et Piedimonte […] au nord de Cassino. Le mont Cassino surplombait la ville avec son célèbre monastère. »

Au cours du mois de mai et spécialement du 19 au 23, la bataille fut acharnée et les Alliés subirent d’énormes pertes. Les Canadiens réussirent à briser la Ligne Hitler. La division du Corps du génie royal canadien continua sa poussée vers le nord jusqu’à la Ligne gothique, de la mer Tyrrhénienne en passant par Pise et Florence jusqu’à Pesaro sur la mer Adriatique.

Malgré les nombreux bombardements des ponts par la force aérienne allemande (Luftwaffe), le pont Vecchio fut épargné en raison de sa valeur historique, tout comme Rome et le Vatican le furent.
Un soir, le major R. B. Cameron demanda à Ralph Ellis de faire parvenir un message demandant de la protection durant la construction d’un pont. On lui rappela le mot de passe de la nuit : TOP HAT. Durant leur mission, Ralph et son compagnon, Andy Burroughs de Smith Falls s’égarèrent. Ils entrèrent dans un magasin de papeterie et en sortant firent face à la police militaire qui exigèrent le mot de passe. De plus, ils s’informèrent de la présence d’Allemands dans les parages. À la réponse négative de Ralph, les Alliés apprirent que les Allemands avaient déjà quitté une ville que les Alliés voulaient conquérir.

À un autre moment, Ralph dut demander à un vieil Italien des indications pour son chemin. Ralph parlait à peine l’italien et l’homme ne parlait pas couramment l’anglais. Le vieil homme lui demanda :

  • Êtes-vous catholique?
  • Non. Pourquoi?
  • Alors vous connaîtriez le nom de cette ville. Venez avec moi.
  • Je suis pressé et je n’ai pas le temps.
  • Fils, la guerre peut attendre.

Le vieil homme amena Ralph à l’église Saint-François d’Assise. Ralph n’oublia jamais ce saint!

En février 1945, Ralph Ellis et ses divisions quittèrent Leghorn en Italie, à destination de Marseille France, dans une péniche de débarquement. Puisqu’ ils étaient près de Gênes, ils servirent d’appât : l’objectif étant de faire sortir les sous-marins allemands de leur cachette et de les empêcher de voir les chars de combat et l’équipement se déplacer de l’Italie vers la France. Nul ne devait savoir que les Canadiens quittaient l’Italie. Les deux divisions se rendirent de Marseille à la périphérie de Paris, puis à Ypres, en Belgique, et ensuite à Arnhem, en Hollande où la bataille faisait rage.

Ralph fut ensuite transféré au quartier général de la Division à Apeldoorn en Hollande. C’était en quelque sorte une promotion, puisqu’il était le chauffeur d’un brigadier, arborait un drapeau sur sa jeep et pouvait profiter de la nourriture et de l’hébergement de meilleure qualité. Ses activités l’amenèrent à Groennengen en Hollande, où sa vie se compliqua grandement.

Pendant que les soldats célébraient la fin de la guerre avec joie, Ralph éprouvait des maux de tête, des maux de gorge et faisait de la fièvre; il se rendit à l’hôpital où on lui interdit de partir. Le diagnostic tomba : diphtérie très contagieuse et port du masque obligatoire. Tous ses effets personnels, papiers d’identité, souvenirs des divers endroits visités étaient encore dans sa caserne et n’avait aucune chance d’y retourner. Envoyé à Oldenburg en Allemagne, dans un couvent converti en hôpital, puis transporté à l’aéroport vers Bruges en Belgique, il passa trois semaines dans un hôpital britannique.

Quand le temps fut venu pour lui de retourner en Angleterre, on le plaça par erreur à bord d’un train rempli de prisonniers de guerre allemands. Grâce à une infirmière canadienne qui le reconnut, il fut transféré sur le train en direction d’Ostende où il prit un bateau pour Dover en Angleterre. La pénicilline, un nouveau médicament à l’époque, lui fut administrée et il revint au Canada à bord du HMCS Queen Mary en octobre 1945.