
Nos anciens combattants
Alexandre Séguin
Alexandre Séguin, fils de Wilfrid Séguin et Anna Tessier, est né à Montréal, QC, en 1919, mais il grandit à L’Orignal. Après ses études à l’école secondaire de Hawkesbury, il fut embauché par Bertrand et Frères Construction Ltée de L’Orignal.
En 1942, Alex s’enrôla dans l’Aviation royale canadienne et le 28 septembre 1943, il fut reçu officier pilote à l’École supérieure d’aviation de St-Hubert, QC. Peu après, il se dirigea vers l’Angleterre pour rejoindre l’Escadron Alouette 425 formée essentiellement de Canadiens français. Entraîné à piloter des chasseurs, l’officier Séguin dut se familiariser avec des bombardiers Hawkford, des bimoteurs Wellington et des quadrimoteurs Halifax comptant des équipages de sept aviateurs. À l’entraînement, les bombardiers s’aventuraient au-dessus de la France occupée pour larguer les pamphlets du général Charles de Gaulle.
Sa première véritable mission fut presque sa dernière. À 2 500 pieds du sol, l’avion copiloté par Alex Séguin fut touché par le tir antiaérien allemand à Calais : deux moteurs sur quatre flambèrent. Malgré la fumée dégagée par l’avion, le pilote et son équipage atterrirent sains et saufs.
Aux commandes de ses bombardiers, Alex Séguin surmonta plusieurs difficultés : l’instrumentation gelée qui l’obligea à juger de la vitesse au son du vent sur les ailes afin de réussir l’atterrissage ou pire encore, réussir un atterrissage avec une bombe suspendue au fuselage.
Alex participa à plusieurs raids de diversion en entraînant les escadrons allemands à leur poursuite afin d’augmenter les chances de succès d’un raid principal. Il participa également aux raids-surprises où des flottes de 500 à 1000 avions, répartis sur 48 km, survolaient l’Allemagne pour y décharger des bombes d’une altitude de 21 000 pieds.
Le 5 janvier 1945, Alex Séguin et l’équipage du Halifax JIG furent portés disparus au-dessus d’Hanovre. Son navigateur ayant modifié la trajectoire du bombardier au retour d’une mission, le Halifax entra en collision avec un autre avion des Forces alliées. Alex Séguin réussit à s’échapper avec quelques autres membres d’équipage. Au sol, Alex cacha son parachute, brûla ses devises anglaises et retira les guêtres de ses bottes afin d’avoir l’air d’un civil. Des soldats allemands, pistolets en main, l’escortèrent à un hôpital militaire et de là, à une prison temporaire à Dortmund où il retrouva des membres de son équipage. Suite à une longue interrogation, on l’envoya au camp de concentration Stalag Luft 1 à Barth : un voyage de trois jours pour lequel Alex n’eut qu’un pain, un saucisson et un peu d’eau.
Alex Séguin perdit 50 livres en 4 mois et demi de détention, jusqu’à la libération le 1er mai 1945 à 22 h 30. Les soldats allemands ayant déjà évacué le camp dans la journée, les prisonniers détruisirent les clôtures et les barbelés avant l’arrivée des Russes.
Alex dût agir en tant que membre de la police spéciale du camp afin de pouvoir transiger avec les soldats français et américains. Il quitta l’Allemagne le 12 mai 1945. Il avait 26 ans et pesait 54 kg (121 lb).
À son retour d’Angleterre, malgré son attrait pour l’aviation, son emploi de secrétaire-trésorier chez Bertrand et Frères Construction prit la priorité. En 1948, il épousa Suzanne Bertrand.
Alexandre Séguin travailla 48 ans à cette entreprise locale et prit sa retraite à l’âge de 66 ans à titre de directeur et actionnaire. Il en profita pour s’impliquer dans les organismes communautaires et contribuer au progrès de la municipalité et de la population.
Il est décédé en 2006.